mardi 17 novembre 2009


Les premiers gendarmes français devaient embarquer, lundi 16 novembre, pour l'Afghanistan dans le cadre d'une mission à haut risque : former et accompagner sur le terrain, dans les villages et sur les marchés, la police afghane.

Annoncé par Nicolas Sarkozy à Strasbourg en avril 2009 lors du sommet de l'OTAN, l'envoi de cent cinquante gendarmes avant le 1er décembre pour une durée de six mois avant d'être relevés marque une nouvelle étape dans l'engagement français. Cette fois, il s'agit de missions de police.

Les gendarmes, qui constitueront les POMLT (Police Operational Mentoring and Liaison Team), placés sous commandement de l'OTAN, accompagneront la police afghane dans son travail quotidien. Un binôme de formateurs, composé d'un gendarme mobile et d'un gendarme départemental, jouera le rôle de tuteurs de l'unité afghane dans ses déplacements, protégés par des gendarmes mobiles

Cent hommes des escadrons de Chauny (Aisne) et de Satory (Yvelines) seront ainsi déployés dans la province de Kapisa, au nord de Kaboul, à Surobi - là où dix soldats français avaient trouvé la mort dans une embuscade tendue par des talibans en août 2008.

Ils seront logés sur les bases opérationnelles avancées de Nijrab, Tagab et Tora. "L'objectif principal de cette mission est de faire progresser les forces de police afghanes vers plus d'éthique et de professionnalisme, rapportait, il y a peu, le général Guy Cachat, sous-directeur de la défense et de l'ordre public de la gendarmerie, dans un bulletin interne. L'important est d'apprendre au policier local à être au contact de la population et de construire progressivement des liens de confiance."

D'autres gendarmes, dont la mission sera exclusivement consacrée à la formation de l'Afghan National Civil Order Police (Ancop, l'équivalent de la gendarmerie mobile) seront envoyés dans le nord du pays, à 300 kilomètres de Kaboul, dans la ville de Mazar-e-Charif.

Pour la gendarmerie, c'est une première. Jusqu'ici, les opérations de police qu'elle a menées à l'extérieur s'étaient toujours déroulées à l'issue des guerres, comme en Bosnie-Herzégovine, pas en plein conflit. "Notre mission se situe dans la partie haute du spectre missionnel de la gendarmerie", traduit le général Cachat.

La formation des gendarmes - qui ont un statut militaire mais sont rattachés depuis le 1er janvier au ministère de l'intérieur - a été assurée par l'armée française sur les camps militaires de Suippes et de Mourmelon (Marne). "Rien ne leur a été caché au cours de leur formation, ni les images d'attentat ni celles montrant les dégâts provoqués par les IED (engins explosifs improvisés)", souligne le général Cachat.

L'équipement a fait l'objet d'une attention particulière. Chaque gendarme est doté d'un gilet pare-balles de 17 kilos. S'y ajoute le poids des équipements de combat et du casque pare-balles, soit un total de plus de 30 kilos.

Dans le paquetage figure aussi une arme spécialement acquise pour cet engagement, le fusil allemand HK G36, en remplacement du Famas jugé peu adapté avec son viseur à point rouge. Enfin, des véhicules de l'avant blindé (VAB), les plus répandus dans l'armée française, ont été achetés.

Ces gendarmes ont été équipés et formés comme des combattants d'infanterie.

Isabelle Mandraud

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