samedi 14 janvier 2012

POLICIERS A KEPI ET GENDARMES A CASQUETTE

En 2011, 46 gendarmes sont devenus policiers et 36 policiers sont devenus gendarmes. Une petite révolution dans le recrutement des forces de l’ordre


Le ministère de l’Intérieur, qui vient de clôturer l’appel à candidatures pour les postes ouverts aux policiers souhaitant devenir gendarmes et inversement, devrait procéder aux entretiens courant janvier. Depuis le rattachement de la gendarmerie à la place Beauvau, le ministère a souhaité favoriser la mobilité des policiers et des gendarmes en leur offrant la possibilité de changer de statut, en passant de la gendarmerie à la police et vice versa. Cette possibilité, cantonnée pour l’heure aux sous-officiers gendarmes et gardiens de la paix, a séduit 152 gendarmes et 137 policiers l’an dernier. Des postes ont été ouverts dans des brigades territoriales, en escadrons de gendarmerie mobile ou chez les CRS.

Changer de région, d’horizon professionnel ou relever un simple défi ont été les principales raisons évoquées par les ex-gendarmes devant les jurys, aux dires de Luc Chalon, commissaire divisionnaire, en charge de la formation au ministère de l’Intérieur. Le colonel Christian Salmon, commandant en second de l’école de gendarmerie de Montluçon, souligne pour sa part que certains candidats ont vu dans la passerelle l’opportunité de rejoindre la gendarmerie qu’ils avaient déjà côtoyée comme adjoints volontaires ou jeunes militaires. Au final, ils ont été 46 ex-gendarmes, et 36 ex-policiers à être retenus par le jury, soit 1 candidat sur 3 environ.

Apprentissage

Une fois sélectionnés, les heureux élus ont rejoint l’école de police de Draveil dans l’Essonne ou l’école de gendarmerie de Montluçon, le 26 mai dernier, après une cérémonie en grande pompe, en présence de Frédéric Péchenard, le grand patron de la police nationale. Durant une période de trois mois dite d’adaptation à l’emploi, les nouveaux policiers ont suivi une formation de 480 heures réparties en cours pédagogiques (mise à niveau culturel, grades, mode d’intervention) et découvert les particularités propres au métier de policier. “C’est l’un des attraits de cette passerelle, elle nous permet de confronter nos méthodes”, relève Luc Chalon.

Légitime défense, armement, technique de “menottage”… Autant d’exemples qui recèlent des différences d’un corps à l’autre, auxquelles ont dû s’accoutumer les apprentis policiers. De leur côté, les futurs gendarmes ont, pour certains, découvert les particularités de la vie militaire, à travers la formation au combat. “Si les jeunes gendarmes ont parfois été surpris par leur nouvel environnement, globalement, la session s’est très bien passée”, insiste le colonel Salmon, de l’école de Montluçon. Un candidat a toutefois abandonné en cours de route et a préféré rejoindre son corps d’origine : recruté pour une affectation dans l’Est de la France, il a souhaité rester en région parisienne. Côté police, la satisfaction est également de mise, d’autant qu’aucune défection dans les rangs n’a été relevée.

Ajustements

Mais cela n’empêche pas la police, comme la gendarmerie, de souligner quelques lacunes dans les formations et d’en tirer les enseignements. À Montluçon, il est apparu bien vite qu’il fallait “renforcer tout ce qui a trait à la police judiciaire et à la sécurité routière”, relève le colonel Salmon, commandant adjoint de l’école. En effet, certains jeunes policiers, dont les tâches sont très sectorisées et limitées à la partie intervention, assurent rarement ces tâches, à la différence des gendarmes, plus généralistes. Résultat : vingt heures de police judiciaire et douze heures de sécurité routière ont été ajoutées en cours de formation. Des visites sur le terrain dans les diverses unités susceptibles d’accueillir les gendarmes ont aussi été effectuées, afin que les jeunes militaires soient “informés au mieux sur les postes qui leur étaient proposés”,poursuit le colonel Salmon.

Ce dernier suggère de porter la formation non plus seulement à trois mois mais à cinq, en incluant, pourquoi pas, une période de stage, à l’image des trois semaines dont bénéficient les jeunes policiers à leur sortie de l’école avant de rejoindre leurs unités. À Draveil, l’ajustement ne portera pas sur la durée, mais sur le contenu de la formation, puisque la procédure pénale devrait être musclée pour la prochaine session, sous réserve d’autres ajustements éventuels tirés de l’audit en cours.

Xavier Sidaner

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