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- Trente-trois personnes ont été arrêtées lors d'une vaste opération de police menée sous l'oeil des médias à Villiers-le-Bel, Sarcelles et Arnouville-lès-Gonesse dans l'enquête sur deux nuits de violences survenues dans le Val-d'Oise en novembre dernier, apprend-on de sources policière et judiciaire.
La mobilisation d'un millier de policiers et la présence sur place de nombreux photographes, reporters et équipes de télévision ont suscité les critiques immédiates de l'opposition centriste et socialiste, qui estime que le gouvernement a voulu impressionner l'opinion avant les élections municipales.
Le procureur de la République de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry, qui était sur place avec trois juges d'instruction, a expliqué lors d'une conférence de presse que l'opération était un succès. Elle a justifié les moyens déployés et nié que la police et la justice aient prévenu les médias au préalable. "Cette opération s'est déroulée de façon exemplaire et dans le calme", a-t-elle dit.
"Compte tenu du nombre des interpellations, de la nécessité de les faire toutes ensemble, des moyens de communication actuels, notamment les portables, les méthodes d'intervention étaient celles qui ont été utilisées, elles étaient en rapport avec les faits criminels extrêmement importants qui se sont déroulés à Villiers-le-Bel", a-t-elle ajouté.
"Compte tenu du nombre des interpellations, de la nécessité de les faire toutes ensemble, des moyens de communication actuels, notamment les portables, les méthodes d'intervention étaient celles qui ont été utilisées, elles étaient en rapport avec les faits criminels extrêmement importants qui se sont déroulés à Villiers-le-Bel", a-t-elle ajouté.
Le secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique, André Santini, a jugé sur France 2 "normal que le gouvernement montre qu'il n'y a pas de zone de non-droit".
A l'inverse, Ségolène Royal y a vu une tentative de faire pression sur l'opinion publique. "Je pense que c'est une façon d'influencer l'opinion, de vouloir faire peur", a-t-elle dit sur France Inter. "On ne doit pas mélanger la justice et la mise en scène", a souligné pour sa part François Bayrou sur Europe 1.
A l'inverse, Ségolène Royal y a vu une tentative de faire pression sur l'opinion publique. "Je pense que c'est une façon d'influencer l'opinion, de vouloir faire peur", a-t-elle dit sur France Inter. "On ne doit pas mélanger la justice et la mise en scène", a souligné pour sa part François Bayrou sur Europe 1.
TROIS INFORMATIONS JUDICIAIRES
Passée à l'action vers 06h00, la police judiciaire régionale était assistée par l'unité d'élite du Raid et la Brigade de recherche et d'intervention (BRI, l'ancienne "antigang").
Les enquêteurs espéraient arrêter 37 suspects - une des 38 "cibles" au départ s'est révélée être décédée - des violences des nuits des 25 et 26 novembre, au cours desquelles, selon le parquet, 102 policiers, dont un commissaire divisionnaire, avaient été blessés, la plupart par des tirs de fusil de chasse ou de pistolets à grenaille.
Une bibliothèque, de nombreux bâtiments publics et des dizaines de véhicules avaient été incendiés. Les enquêteurs ont agi dans le cadre de trois informations judiciaires, deux pour "tentatives d'homicides volontaires" sur un commissaire de police et des fonctionnaires, une pour "incendies volontaires", a précisé Marie-Thérèse de Givry.
L'usage d'armes à feu était une première dans un épisode de violences urbaines.
Lundi matin, des portes ont été défoncées mais après des sommations, a précisé le procureur. La manière forte a été utilisée "après mûre réflexion", même si la justice était selon elle "consciente du traumatisme dans des familles avec enfants".
Lundi matin, des portes ont été défoncées mais après des sommations, a précisé le procureur. La manière forte a été utilisée "après mûre réflexion", même si la justice était selon elle "consciente du traumatisme dans des familles avec enfants".
Après les incidents de novembre, un tract de la police appelant à la dénonciation et promettant des récompenses avait été distribué dans les cités. Des témoins à charge ont été entendus "sous X" dans la procédure, a dit le procureur.
Après une enquête approfondie, menée par ailleurs par les Renseignements généraux, les enquêteurs croient avoir identifié les responsables de l'incendie de la bibliothèque Louis Jouvet. Les violences de novembre avaient éclaté après la mort de deux adolescents à Villiers-le-Bel dans un choc entre une mini-moto et une voiture de police, considéré comme un accident, qui fait l'objet d'un autre enquête judiciaire.
Le scénario avait fait craindre un embrasement semblable à celui de l'automne 2005. La mort à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) de deux adolescents poursuivis par la police avait provoqué trois semaines de violences dans tout le pays, sans précédent dans l'histoire récente. Des centaines de CRS ont été déployés près de Villiers-le-Bel lundi pour prévenir tout débordement.
Thierry Lévêque
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Parmi les suspects interpellés lundi matin lors de la descente de police de grande ampleur à Villiers-le-Bel, huit ont été complètement innocentées mercredi, au terme de leur 48 heures de garde à vue. La procureure de Pontoise a indiqué que cinq des personnes innocentées l'ont été suite à la vérification des alibis qu'ils ont donné. "Certaines informations qui nous venaient de sources sérieuses sont infondées, c'est regrettable, dans une affaire aussi délicate, il y a des dommages collatéraux", a-t-elle ajouté.
Huit autres personnes ont été déférées au tribunal : quatre le sont dans le cadre de la tentative d'homicide du commissaire de Sarcelles qui avait été roué de coups en arrivant à Villiers après la mort des deux adolescents, et de l'incendie de son véhicule. Les quatre autres sont déférées dans le cadre des incendies de la bibliothèque et d'une école élémentaire de Villiers-Le-Bel.
Le "déroulement des faits s'éclaire"
Parmi les personnes déférées figure le frère de Lakamy, l'un des deux adolescents morts sur la mini-moto. Il a été déféré devant le parquet de Pontoise dans le cadre de l'enquête sur l'incendie du véhicule du commissaire de police. La procureur de la République a répété à plusieurs reprises que le fait qu'il soit le "frère d'un défunt" serait pris en compte et que sa situation serait étudiée "avec humanité". Il avait été interpellé lundi à la mi-journée, après l'opération de police. "Une machette a été brandie et il y a eu une certaine agitation", avait expliqué la magistrate.
Selon Le Parisien, l'enquête progresse vite. Le directeur de la police judiciaire de Versailles estime que le "déroulement des faits est en train de s'éclairer", à propos des émeutes. Les enquêteurs auraient relevé des contradictions dans les déclarations de personnes en garde à vue. Ils auraient même recueilli des aveux partiels de certains d'entre eux. Au total, si on prend en compte toutes les enquêtes menées sur les violences qui ont éclaté fin novembre, huit personnes ont été déférées, quatorze ont été laissées libres et seize restent en garde à vue. Au total, 38 personnes ont été placées en garde à vue depuis la vaste opération de police menée lundi au petit matin à Villiers-Le-Bel.
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