samedi 8 janvier 2011

Ces gendarmes "Justes" qui aidèrent les Résistants


Une exposition rendra hommage à un engagement qui leur coûta la vie

Lucien Racchini va exposer des panneaux locaux au sein de l'exposition nationale consacrée aux gendarmes français. Dans ce cadre, il sera aussi question de Marius Bonnaud, policier cavaillonnais exécuté par la Gestapo (en bas).

La brigade de gendarmerie de Cavaillon, qui pourtant était au courant des faits, n'usa jamais de son autorité si ce n'est que pour mieux cacher la vérité aux autorités allemandes". Voilà un extrait de l'article paru sous la plume d'Albert Fourquier que l'on peut trouver le vendredi 20 octobre 1944 dans le journal de l'époque Cavaillon libre. "Les gendarmes de la brigade de Cavaillon avertissaient les résistants que la Gestapo allait venir les chercher", relate Lucien Racchini, correspondant défense de la municipalité, qui organise l'exposition consacrée aux gendarmes déclarés "Justes par mi les Nations". Cette exposition qui se prépare activement aura lieu du 24 au 28avril 2011. "Ils étaient obligés de donner les noms, mais ils avertissaient les personnes avant".

Des témoignages poignants

Outre cet article de journal, il y a les témoignages: "En 1944, Abel Sarnette, résistant, qui était mon parrain, fut averti par les gendarmes, mais il n'y crut pas et déclara: "qu'est-ce qu'on va me faire?" Quelques jours plus tard, la Gestapo vint le chercher et il fut fusillé. Autre témoignage, et cette fois-ci, l'homme fut sauvé.

M.Mathieu, décédé aujourd'hui, dont la femme habite toujours à Cavaillon, fut averti par les gendarmes et partit se cacher dans le Coulon où il resta quelque temps avant de reparaître au grand jour. L'exposition nationale Désobéir pour sauver, des policiers et gendarmes français Justes parmi les Nations, organisée par l'ONAC (Office national des anciens combattants et victimes de guerre), célèbre 54 gendarmes déclarés Justes parmi les Nations. Pour la première fois, elle va donc être reçue en Vaucluse, à Cavaillon, où seront joints les documents relatifs à ces faits locaux.

L'hommage à Adrien Daumas

Hommage sera donc rendu au Robionnais Adrien Daumas, qui fut exécuté avec d'autres collègues gendarmes de Colmars, sur le pont d'Ondres, par l'occupant le 22juillet 1944 dans le Haut-Verdon. On peut en lire l'histoire sur le site de la municipalité de Thorame Haute. À cette époque, la Résistance est organisée dans la vallée du Haut-Verdon. Le 18juillet, les Allemands, peu après Thorame-Haute, tombent dans un piège et des militaires allemands sont tués. L'occipant va réagir et, en guise de représailles, prendra en otages, à Colmars, des sous officiers de la gendarmerie et une vingtaine d'hommes.

"Après des interrogatoires qui durèrent deux jours sous prétexte de les transférer à Castellane, le MDL chef Marcel Beal, les gendarmes Sébastien Bracco, Alexandre Aimar, et Adrien Daumas, sont placés dans deux taxis qui prennent la direction de la "commandanture" de Castellane. Passant à hauteur du pont d'Ondres, les deux voitures s'arrêtent. Le chef de convoi ordonne alors aux gendarmes de se regrouper en bordure de la route, leur laissant l'espoir qu'ils vont être libérés.

À peine s'étaient-ils éloignés de quelques pas, qu'une fusillade nourrie les assassinait sur place…" À l'occasion de cette exposition, Lucien Racchini évoquera aussi sur ses panneaux explicatifs le policier cavaillonnais Marius Bonnaud, assassiné par la Gestapo après avoir été torturé en 1944, et l'action de Virginie Gambet, une paysanne cavaillonnaise, qui avait sauvé Jacob et Elsa Fajerstajn et leur fille Juliette, à Cavaillon. Elle fut déclarée Juste en 2007.


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