vendredi 24 juin 2011

Police et gendarmerie amenées à renforcer leur coopération dans les territoires



Avec les Corat, le ministre de l'Intérieur entend améliorer la coopération gendarmerie-police dans les zones tampons entre urbain et rural.

"La mobilité professionnelle de la population estompe les limites classiques entre quartiers urbaines, zones périurbaines et espaces ruraux", constate le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, dans une circulaire du 10 juin qui demande aux responsables de la police et de la gendarmerie d'élaborer des "coordination opérationnelle renforcée entre les agglomérations et les territoires" (Corat). Un document commun destiné à renforcer la coopération entre la police et la gendarmerie dans ces zones tampons.

Les Corat pourraient ainsi servir de chaînon manquant entre les polices d'agglomération (mises en place à Paris en septembre 2009 et en cours d'installation à Lyon, Marseille, Lille et Bordeaux) et les polices des territoires qui interviennent, elles, dans les zones périurbaines et rurales et les axes de communication. La circulaire cite explicitement les grandes agglomérations qui ne sont pas couvertes par une police d'agglomération, les aires urbaines et commerciales à cheval entre deux zones, les circonscriptions de sécurité publique enserrées dans une zone gendarmerie et les aires interdépartementales.

Il n'est pas question d'y créer de nouvelles unités (la tendance est plutôt à l'inverse avec la RGPP, qui s'est traduite par la suppression de 3.500 équivalents temps plein dans la maréchaussée et 4.000 dans la police en 2009-2011), ni de "mutualiser" les effectifs. Il s'agit de "mettre en place des dispositifs de coordination simples, pragmatiques et adaptés aux problématiques locales", indique le texte. En somme : "favoriser les concours mutuels".

Violences urbaines

Claude Guéant avait présenté les Corat aux directeurs départementaux de la sécurité publique et aux commandants de région et de groupement de gendarmerie, le 25 mars, en leur confiant leur feuille de route. La circulaire leur précise cette fois-ci la façon de procéder. Elle invite ainsi les directeurs départementaux de la sécurité publique (DDSP) et les commandants de groupement de gendarmerie départementale (CGCC) à "agir ensemble de façon cohérente et complémentaire pour assurer la sécurité de nos concitoyens dans la continuité territoriale", sous l'autorité du préfet. Ils doivent proposer des mesures concrètes avant le 25 juin adaptées à leur situation, sachant que les Corat doivent poursuivre quatre objectifs : mieux coordonner les forces de sécurité aux limites des zones de circonscription, mieux identifier et combattre les phénomènes de délinquance communs, mieux réagir aux situations d'urgence et exceptionnelles, optimiser l'emploi des services spécialisés.

Policiers et gendarmes sont appelés à mettre en place des stratégies communes, participer à des réunions régulières, partager leurs informations judiciaires, à l'image de ce que font déjà les cellules anti-cambriolage (CAC). Ces dernières pourraient voir leur périmètre d'action élargi pour traiter les infractions judiciaires les plus graves telles que les vols à main armée, les vols avec violence type "home jacking" ou "car jacking" ou s'attaquer à des problèmes ponctuels tels que les vols de métaux récurrents sur les voies ferrées.

Policiers et gendarmes pourront aussi se porter une "assistance mutuelle immédiate", lors de violences urbaines majeures, de manifestations ou rassemblements spontanés. Il leur sera également possible de créer des "unités mixtes temporaires" lorsque la situation le nécessitera. L'exemple de l'unité mixte d'intervention rapide (Umir) créée à Grenoble en décembre 2010 pourrait être étendu à d'autres agglomérations, si son évaluation s'avère positive. Il s'agit d'une force d'intervention inédite, regroupant policiers et gendarmes, spécialisée dans la lutte contre les émeutes urbaines.

Michel Tendil

RGPP : LES VÉHICULES DE POLICE DEVRONT ROULER 28 ANS

Au rythme imposé par la Révision générale des politiques publiques (RGPP), les véhicules de police devraient "durer 28 ans" avant remplacement, selon le directeur général de la police nationale Frédéric Péchenard, entendu mercredi 22 juin par la commission des Finances de l'Assemblée. Même s'il "ne s'agit pas de faire du misérabilisme", a assuré son homologue de la gendarmerie, le général d'armée Jacques Mignaux, entendu en même temps sur l'utilisation en 2010 des crédits de la mission sécurité, les deux hommes n'ont pas caché les difficultés que la RGPP leur pose.

S'ils ne semblent pas rencontrer de problème particulier pour assurer les contraintes de leurs masses salariales respectives (147.790 équivalents temps plein pour la police, 96.090 pour la gendarmerie), il n'en va pas de même pour les investissements et les équipements. Ainsi, "en 2011, ce sont 1.000 véhicules qui pourront être renouvelés", souligné Frédéric Péchenard. Avec un parc "de 28.000 véhicules, sur cette base de renouvellement prévu, il faut que chaque véhicule puisse durer 28 ans", a-t-il relevé.

Les deux DG ont également souligné que le système PPP (partenariat public-privé), notamment en matière immobilière, "coûte plus cher, il faut y faire attention", a noté Frédéric Péchenard. Le "surcoût est d'environ 30%", a précisé le général Mignaux, ajoutant que les loyers étaient revalorisés "du montant de l'inflation lors du renouvellement des baux".

"Le coût des loyers évolue plus vite que le budget d'équipement. La solution, c'est d'augmenter mon budget de fonctionnement", a lancé le général. Globalement, avec "la contraction des crédits", le budget investissements-équipements "permet tout juste de satisfaire aux besoins immédiats des unités", a-t-il dit, déclarant n'être "pas en capacité de lancer de grands programmes".

AFP

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