Plus d'une année de planques, de filatures, de recoupements ; une descente de grande envergure au petit matin, la poursuite de l'enquête sur Argenteuil pour dix gendarmes chamoniards pendant une semaine... La brigade de gendarmerie n'aura pas lésiné sur les moyens pour mener à bien cette affaire.Au bout du compte, ce sont 81 consommateurs qui étaient appréhendés, mais aussi six mises en examen pour trafic de stupéfiants, usage et détention, et trois incarcérations. Pour le lieutenant Xavier Demeocq et le chef Frédéric Sollier, le réseau d'Argenteuil était le genre de dossier à hanter leurs nuits, du fait de l'enjeu. Car ici, on parle tout de même de plus de 40 kg de cocaïne, de milliers de cachets d'ecstasy (dont 500 saisis au moment des interpellations), de résine de cannabis et de méta amphétamines. Bref, un véritable "drogue store" au bord de l'Arve.
« Il s'agissait, au début, de jeunes des quartiers d'Argenteuil, plus particulièrement de "La Dalle", envoyés en vacances dans une structure d'accueil appartenant à leur ville, à Chamonix », explique le lieutenant Demeocq. En fait de découverte de la montagne, certains d'entre eux ont plutôt vu le potentiel chamoniard, avec sa vie nocturne ...
En quelques semaines, une logistique d'approvisionnement et un réseau de petits revendeurs était installé, paré à répondre à toutes les demandes du "monde de la nuit". « Pour eux, des stations comme celle-là sont une véritable aubaine. Ils n'ont pas affaire à des gens désocialisés, mais bien à des personnes ayant un métier et suffisamment d'argent pour faire la fête et acheter leurs drogues », précise Frédéric Sollier.
Des sportifs, des guides, des étudiants, des serveurs, des cuisiniers... Un trafic juteux, sans compter les étapes que le transporteur devait faire à chaque voyage ; autour du Mont-Blanc, les stations ne manquent pas ...
Fin d'enquête sur "La Dalle" d'Argenteuil
Devant l'ampleur du commerce - une quarantaine de transactions par jours en cocaïne. Avec un prix au gramme oscillant entre 60 et 80 €, l'affaire était plutôt rentable -, les gendarmes ont lancé une première opération le 13 novembre dernier, interpellant 12 personnes dont le responsable local de l'approvisionnement.
Plus tard, ils se rendaient à une dizaine sur "La Dalle" d'Argenteuil pour finaliser leur enquête. « Là-bas, nous avons interpellé les principaux membres de ce réseau. » Mais impossible de remonter plus haut, tant les ramifications d'approvisionnement sur cette plaque tournante du trafic de stupéfiants de la région parisienne sont enchevêtrées.
Aujourd'hui, les principaux acteurs sont sous les verrous et le dossier est entre les mains de Pascale Sauvadet, la juge d'instruction du tribunal de Bonneville. De leur côté, les gendarmes de la brigade de Chamonix, aiguillonnés par cette belle affaire, poursuivent leur travail, multipliant les descentes dans les établissements de nuit avec des chiens antidrogue.
REPÈRES
UNE DEUXIÈME AFFAIRE, EN MAI
UNE DEUXIÈME AFFAIRE, EN MAI
Pour ne pas gêner l'enquête sur le réseau d'Argenteuil, cette enquête était restée dans l'ombre. Elle portait sur du trafic de cannabis et d'héroïne.
Pour la résoudre, les gendarmes chamoniards avaient interpellé 35 personnes. Trois d'entre elles ont été incarcérées, dont l'homme à la tête du trafic.
Il s'agissait d'un cuisinier d'origine marseillaise qui arrondissait ses fins de mois, depuis deux ans, en achetant son cannabis au bord de la Grande bleue pour le vendre au pied du mont Blanc. Une dizaine de kilos au total et un bénéfice, pour lui, de 10 000 €.
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